Le projet MIDSOMMAR a vu le jour au printemps 2016, à Stokholm. J’ai eu l’occasion de passer plusieurs mois au sein de cette ville où je me suis interrogée sur ce que raconte et ce qui définit cette ville à travers sa culture, son histoire. Ce qui représente l’histoire d’un peuple, ce sont aussi ses légendes. Elles sont caractéristiques de chacun d’entre eux et permettent de s’identifier de manière onirique et unique. Grâce à des rencontres comme celles avec Maja Sten, illustratrice, ou encore Tyra Von Zweigbergk, aussi illustratrice et vice-présidente de la Svenska Tecknare (l’Association des illustrateurs et designers graphiques suédois), j’ai pu approfondir mes recherches autour de ces légendes suédoises qui sont si précieuses aux yeux des habitants.
L’une d’entre elles a particulièrement retenu mon attention. Il s’agit de la Midsommar. J’ai eu l’envie de rendre visible cette légende et ses rituels grâce à ma pratique de dessin. Car aujourd’hui encore, à chaque solstice d’été, les Suédois célèbrent en famille ou entre ami(e)s, la Midsommar. La première nuit de ce week-end, il faudrait alors aller cueillir sept fleurs dans sept champs différents, les déposer ensuite sous son oreiller et cela permettrait de rêver du visage de son futur(e) amoureux(s)…
Je souhaitais avant tout « rendre vivant » cette légende et ces rêves. Une fois ces visages construits à partir de fleurs sauvages dessinées, je me suis mise à déconstruire ces visages. Cela m’a permis de prendre du recul et de tenter d’être au plus proche de la mise en place de cette rêverie.
Pour activer ce songe, j’ai ensuite réalisé sept animations (chiffre clef rappelant la légende) de ces compositions fleuries qui fonctionnent sous forme holographique sur smartphone ou tablette. La technique holographique propose une vision fantomatique de ce qui est projeté.
Et donc un rendu entre réel et fiction. En utilisant ce système, j’ai voulu raconter autrement cette légende en donnant la sensation de vivre le rêve de la Midsommar éveillé. Il me semblait important que ce projet ait une dimension à la fois visuelle, mais aussi auditive. En effet, pour affiner ce projet et immerger le spectateur au sein de cet univers poétique, j’ai par la suite écrit un poème, en français, et qui a été traduit en anglais et suédois. Lorsque l’animation holographique est activée, la bande sonore dévoile, dans les trois langues, le texte de la Midsommar. Plongé dans l’obscurité, le spectateur peut alors contempler et découvrir cet univers floral. Ce projet est un dispositif audiovisuel, culturel, de partage et de découverte contemporains.